BEST REGARDS
Nils VANDEVENNE (fr - 1995)
28 Novembre 2024 - 12 Janvier 2025
À la Galerie Houg, Nils Vandevenne dévoile un nouveau chapitre de son parcours. Le titre Best Regards peut être perçu comme un clin d’oeil ironique, renvoyant à la relation entre l’artiste, ses oeuvres, et le regard du spectateur.
Au début de l’année 2024, une rencontre décisive avec les Seagram Murals de Mark Rothko marque un tournant dans sa pratique. Les vastes toiles pourpres huileuses et leurs vides-ouverts rectangulaires, provoquent chez Nils Vandevenne une remise en question de son geste pictural. Ce saisissement le conduit à une prise de conscience : peindre n’est pas un moyen d’incarner un sujet, mais de faire surgir une présence à travers l’acte même de peindre. Toutefois, chez Nils Vandevenne, il s’agit moins de peindre que de «dé-peindre» : la matière laquée est altérée, couche après couche, poncée, dévoilant dans chaque strate une présence matifiée qui se révèle par l’érosion même de la surface.
Ses dernières oeuvres, où la matière est épuisée, révèlent systématiquement des formes ovoïdes qui s’imposent par leur verticalité. Placées au centre, elles se répondent en un dialogue qui serait mis sur « pause », une connotation suspendue dans le flux du visible. Ces formes ne sont pas seulement motifs : elles semblent nous observer, comme deux yeux, installant une tension entre l’éveil et la lassitude, l’ouverture et le repli. Chaque objet-tableau devient une entité ambiguë, une présence proche de celle d’un regard à notre insu que l’on sent sans le voir. Nils Vandevenne parle d’une peinture «cernée», où les contours des formes apparaissent par soustraction de la matière et sont parfois soulignés par des résines transparentes, créant une épaisseur «mouillée». Ainsi, ces formes deviennent véritablement cernées, marquées par des lignes. Une empathie émerge, une sorte de “compassion matérielle “ : ces cernes sont les témoins de la matière qui se transforme, se fatigue, mais qui persiste malgré tout, dans une forme de résilience. Au regard du spectateur de faire l’acte de cerner, c’est-à-dire de discerner en percevant distinctement la présence au-delà d’une simple salutation visuelle.